ATOTI

4 L orsque ’Atoti rouvrit les yeux, il regarda autour de lui mais ne reconnut plus rien de ce qui lui était familier. Par chance, il n’était pas blessé. C’était la première fois que ’Atoti vivait un événement climatique aussi exceptionnel. Dans la presqu’île de Tahiti, à Teahupo’o, à la hauteur de la passe de Hava’e, la forte houle s’était maintenant apaisée mais n’avait pas épargné le lagon. Les belles eaux transparentes, tantôt turquoise, tantôt camaïeux de bleus et de verts, avaient disparu, laissant la place à une mer un peu plus calme mais dont les eaux étaient brouillées, souillées par les débris arrachés. Nageant tant bien que mal, notre petit poisson arriva dans un endroit très étrange mais magnifique : c’était un champ de coraux branchus. Cette éten- due paraissait hostile au premier abord. On aurait dit une forêt inextricable de piquants dangereux, à la base desquels poussait une sorte de mousse d’algues. Dévoré de curiosité, ’Atoti s’approcha. Les principaux habitants de ce champ, des poissons-fermiers, lui présentèrent leur lieu de vie. Leur terri- toire fonctionnait comme des parcelles agricoles et fut ce jour-là, bien malmené par la forte houle.

RkJQdWJsaXNoZXIy NzgwOTcw