La baie de Matavai

Ha’amanemane, grand-prêtre de 'Oro sur le marae le plus sacré de Raiatea avait été déçu par le refus de l’équipage d’ac- cepter cochons, poules ou fruits. Il ne pouvait pas savoir que le dimanche le commerce était interdit. Sa déception avait redoublé devant le refus des missionnaires de prêter attention aux femmes que les 'arioi avaient amené avec eux. Par contre, ces comédiens avaient tous été impressionnés par les hïmene chantés lors de l’office célébré sur le pont du bateau. Deux déserteurs suédois, tatoués, étaient aussi montés à bord. Ils vivaient parmi les autochtones depuis plusieurs années. Se débrouillant en tahitien, ils servaient d’interprètes. Sur le bateau, Ha’amanemane avait réussi à obtenir l’amitié du capitaine James Wilson. Ils avaient échangé leurs noms suivant la coutume. Le vénérable vieillard avait enroulé le jeune capitaine dans une longue pièce de tapa , mais il ne réussit pas à obtenir en échange un fusil, des balles et de la poudre. C’est la fin de l’après-midi sur la pointe Vénus. Le capitaine et quelques missionnaires débarquent guidés par Ha’amanemane et les deux Suédois. Ils vont examiner le grand fare construit après le dernier passage du capitaine Bligh qui avait promis de revenir à Tahiti. Paita, le vieux chef local les reçoit. Nos deux amis se dissimulent davantage encore dans leur cachette de feuillage. C’est qu’ils sont tous deux des manahune , des gens du commun, sans mana , sans prestige, sans pouvoir. 17

RkJQdWJsaXNoZXIy NzgwOTcw