La baie de Matavai

Ha’amanemane prend alors une position curieuse à moitié assis sur les talons, penché en avant. Il se lance dans une longue tirade invoquant les dieux, citant les chefferies de Tahiti et le nom de leur chef. Il récite les noms des navires et de leurs capitaines depuis le passage de Uariti, l’Anglais Wallis, jusqu’à Wilson aujourd’hui. Il déclare qu’on leur cède le territoire de Matavai avec maisons, fruits, cochons selon leurs besoins. En fait on leur accorde une terre pour édifier une maison commune, une chapelle et de quoi faire un jardin. « Ils ont fini de se parler… Regarde, le ari'i Tu se baisse pour reprendre le capitaine par la main. - Il l’emmène au rivage près de l’embarcation. - Oh, des coups de fusil en son honneur ! Notre ari'i est très excité. » Quelque temps plus tard le capitaine est retourné à bord. Tu et Tetua arrivent en pirogue et font plusieurs fois le tour du bateau. À l’invitation du capitaine, ils refusent de monter à bord pour ne pas rendre l’endroit tapu . La pluie les oblige à revenir à terre. Le dimanche suivant, nos deux Tahitiens se rendent à proximité du lieu où séjournent les missionnaires. Une foule attentive écoute avec étonnement les chants religieux. Peter traduit le discours d’un des missionnaires. Tous sont fascinés par ce spectacle nouveau, par ces rites différents de ceux de leur religion, par cette langue inconnue. 21

RkJQdWJsaXNoZXIy NzgwOTcw