La baie de Matavai

- J’ai rencontré Tute quand j’étais enfant. Avec ses hommes, ils sont restés ici trois lunes. Pour se protéger de nous, de notre curiosité pour toutes ces choses nouvelles, il a fait bâtir un camp avec des fossés et des palissades au bout de la pointe. Une partie des hommes dormait sur le bateau, d’autres à terre dans le camp sous bonne protection. Ils n’étaient pas intéressés par nos tapa et nos plumes. Ils voulaient seulement de l’eau, du bois, des noix de coco et des cochons. Et surtout, ils voulaient protéger leurs instruments pour regarder le ciel … - Oui, pour regarder le ciel le jour et la nuit. Ils sortaient de grands tubes, parlaient à voix haute, s’extasiaient comme s’ils avaient vu le dieu Ta’aroa. Un jour sans nuage, mes parents les ont trouvés tout excités. Le soleil s’est obscurci quelques instants. Ils dessinaient de petits signes en regardant le ciel à travers leurs étranges instruments. - C’est l’étoile Ta’urua la plus lumineuse de toutes. Ce jour-là, elle devait traverser la Face de lumière… » Plus tard, les hommes apprendraient du missionnaire Henry Nott qu’il s’agissait de la planète Vénus passant devant le soleil. De savants calculs permettaient alors d’apprécier la distance de la Terre au Soleil. « Les peretäne nous ont expliqué que grâce à leur télescope, on pouvait voir l’étoile se déplacer. Et que les obser- vations étaient le but de leur long voyage. Grâce à cela, les navigateurs ne se perdraient plus les nuits et les jours sur le grand océan… - Nous avons les Matari’i et toutes les étoiles… - Leurs océans ont des cieux moins clairs, et leurs grandes pirogues font des voyages plus longs… » 7

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