La plume bleue du bonheur en Océanie
12 DD ebout devant son chevalet, l’homme sembla perplexe. Il s’était attelé à des œuvres depuis longtemps mais n’était pas satisfait de ses tableaux. «Aujourd’hui, se disait-il, je terminerai le tableau que j’ai commencé hier ou bien il restera inachevé.» Il travailla un moment à mélanger ses couleurs lorsque ses yeux se posèrent sur un élément nouveau de la coiffure abandonnée de son modèle. Il découvrit la plume de l’oiseau satin qu’il n’avait pas remar- quée jusqu’alors. «Quelles couleurs extraordinaires, se dit-il. Ah ! s’exclama t-il, si je pouvais… Mettons-nous au travail !» Alors il se concentra et pensa à toutes ses années d’efforts, de patience, de savoir-faire accumulés. Faisant appel à son inspiration et à son imagination, il laissa libre cours à sa passion. Il l’avait cultivée depuis son enfance et aujourd’hui… Oui ! Elle était bien présente dans cette œuvre, sa création, exposée sur son chevalet. Mais que lui manquait-il donc ? Il multiplia ses coups de pinceaux, tantôt vifs et légers, tantôt lents et appuyés, mélangea de nouveau les couleurs, s’essaya à de nouvelles combinaisons, avec ses anciennes techniques. Alors, enfin, épuisé, il estima qu’il avait atteint le sommet de son art. L’œuvre qu’il contemplait n’était plus celle d’un peintre-amateur mais bien celle d’un véritable artiste-peintre. En trouvant ce jour-là, une recette originale pour la fabrication d’une couleur d’un bleu infiniment admirable et qu’il avait intégrée à son œuvre, il l’avait achevée, ne voulut plus rien y changer car il en était satisfait. Il ressentit alors un bonheur indicible. La plume bleue, spectatrice silencieuse de la joie de l’artiste-peintre, se souvint de ses moments de bonheur passés, en particulier lors de la construction des nids-berceaux.
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