La plume bleue du bonheur en Océanie

14 LL e jour vint où elle s’envola de nouveau vers d’autres horizons. Le vent, son ami, revint et ils reprirent leurs jeux. Il la laissa dans une contrée lointaine et sauvage. Un espace très boisé qui lui faisait penser à la terre d’Australie qu’elle avait quittée depuis longtemps déjà. Un matin, quelqu’un la trouva alors qu’elle se reposait sur une branche basse. Elle fut examinée avec intérêt, tournée et retournée, passa de main en main, pour atterrir finalement entre les mains d’un homme qui la mit dans un petit sac de fibres tressées qu’il portait à la taille. Il donna un ordre bref et la petite troupe d’hommes reprit sa marche à travers la forêt. Sur les hautes terres de Papouasie Nouvelle-Guinée, l’homme, accom- pagné de quelques membres de sa tribu dont il était le chef, se rendait dans la vallée des Hommes-plumes chez le peuple Huli. Lorsqu’ils arrivèrent, les chefs se présentèrent mutuellement les objets qu’ils voulaient échanger. Ces échanges, qui dépassaient le simple troc de nourriture, se terminèrent comme de coutume, par les dons rituels d’objets de prestige comme les parures et les plumes. Le chef du peuple Huli reçut la plume avec une grande émotion et un bonheur indescriptible. Depuis longtemps il décorait une coiffure, une «perruque» dont la beauté était incomparable et digne du grand chef qu’il était. Ce cadeau, la plume bleue d’une valeur en apparence insignifiante, était en réalité un don inestimable fait à un Homme-plumes pour rehausser et parfaire sa coiffure magnifique. La plume bleue ne pouvait pas trouver de meilleur endroit que celui-ci pour terminer sa course. Et si c’était tout cela le vrai Bonheur ?