Le chapeau de l'île pirogue

17 Mais soudain l’un d’entre nous s’écria, il recula terrifié comme s’il venait de voir un tüpäpa’u car derrière lui se tenait une bête hideuse aux yeux jaunes avec de longues cornes qui sautillait vers lui… sur ses deux pattes. - Une bête hideuse ! - Et bien, c’est ce que nous avons cru sur le moment car ça n’avait rien d’humain mais ça pouvait se tenir sur deux pattes, une sorte de chien à cornes. - Un genre de cochon ? - En fait, en reculant, l’homme avait heurté une chèvre qui s’était levée en guise de défense. Ce fut une panique générale et la plupart des hommes présents ont sauté à l’eau. - Pour une chèvre ? dit alors Matarii en riant. - C’était un animal vraiment laid qui dégageait une très mauvaise odeur et puis c’était la première fois… Mais rassure-toi, ton grand-père est resté courageux et je me suis contenté de reculer, prêt néanmoins à sauter à l’eau. Ils semblaient rire de nous. Puis leur chef s’approcha en m’invitant à toucher l’un des animaux. - Y en avait-il d’autres ? Et bien, il y en avait que nous connaissions déjà comme les poules et les cochons. Ces derniers étaient d’ailleurs différents, d’une autre espèce, plus grands, moins poilus, roses et sans défense. L’un des nôtres leur fit signe, en mon- trant la chèvre, que nous n’avions pas ce genre d’animaux à terre mais que nous avions des poulets, des cochons et des chiens. - Comment faisiez-vous pour vous faire comprendre ? - On utilisait le langage des signes ou alors on se mimait les choses. En nous montrant le rivage, le chef se mit à mimer des animaux que l’on reconnut, comme le cochon et la poule. - En fait, ils voulaient simplement que vous leur apportiez de la nourriture. - Bien sûr, et tu penses bien, des divinités qui imitaient des animaux domestiques, cela fit rire tout le monde. Nous étions rassurés car cela signifiait au moins qu’ils ne se nourrissaient pas forcément d’hommes et qu’ils n’allaient pas se servir de notre terre comme d’un garde-manger.

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