MAUX contre MOTS
106 Les miliciens entrèrent dans la maison en fracassant la porte, la femme qui s’occupait de ma mère, qu’Arthur supposait être sa grand-mère, cria quand on l’emmena et essaya de se débattre sans succès. Alors, on lui donna une claque qui la fit taire immédiatement. Les deux personnes âgées s’assirent dans leurs fauteuils, se laissèrent faire et Arthur fit une autre supposition : ces gens devaient être ses arrière-grands-parents. Ils étaient calmes puis, quand les voitures s’en allèrent, il recommença à être pris de sa torpeur mais quand il se réveilla, Arthur entendit le bruit des locomotives. Il en vit une se garer devant lui, des soldats allemands en descendirent pour ouvrir les wagons à bestiaux. Ces mêmes wagons qui ne possédaient aucune fenêtre. Au même moment, des civils furent poussés dans ces wagons, ceux qui résistaient subissaient des coups de pieds ou de crosses. Deux minutes plus tard, Arthur vit son grand père. Il le supposait, éga- lement, car il portait sa mère. Son père fit un signe à un groupe de personnes qui s’empressèrent d’occuper les Allemands. Alors qu’il courait vers une clôture ayant un trou suffisant pour faire passer sa mère par-là, des gens l’attendaient de l’autre côté. Des résistants ou des maquisards, pensa Arthur. Mais, à quelques mètres de son but, son grand-père prit une balle qu’un soldat allemand tira depuis le sommet d’un des wagons à bestiaux. Mais, il continua de ramper. Arrivé à son but, il confia ma mère à un des résistants, avant qu’on lui retire dessus. Ma mère pleura car elle avait vu son père se faire tirer dessus et il saigna pendant qu’on l’emme- nait dans une voiture. Soudain, le même soldat qui avait tiré sur son père semblait lui parler en allemand, avant de lui tirer dessus. La douleur le fit vaciller et il se réveilla, en sueur, dans son salon, avec ce livre étrange sur les genoux. Étrange, se dit-il, aurais-je rêvé ? Sans doute... Arthur savait que son grand-père avait été déporté mais il croyait qu’il était mort, dans un camp de concentration et, non dans une gare, en essayant de sauver sa mère. Il décida donc de rencontrer un des survivants du camp de concentration où son grand-père avait été envoyé. Mais il était tard et Arthur avait envie de dormir.
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