MAUX contre MOTS

113 La semaine suivante, ma mère ne réussit pas à me sortir de ma chambre et le carnet finit sous mon lit. C’est, quand je me rendis compte que ma mère était couverte de bleus et qu’elle avait perdu beaucoup de poids, que je pris ma décision : j’allais retourner dans le passé et empêcher ma mère de finir avec un ivrogne violent. Le soir, à minuit, j’écrivis la date du jour de l’enterrement de mon père et j’attendis, les mains crispées sur le carnet. J’eus alors l’impression de prendre un bain bouillant, puis une douche glacée et je ressentis un tas de sensations opposées. Enfin, j’entendis quelqu’un sangloter. J’entendis mais je ne voyais pas. Alors, ma main droite se tendit instinctivement et j’appuyai sur l’interrupteur. La lumière revint alors et je me rendis compte que j’étais dans la chambre de ma mère, qui pleurait sur son lit. Je me rapprochai d’elle, lentement, puis, je lui demandai si elle allait bien. Elle répondit par un « oui » peu convaincant. J’insistai alors : « Qu’est-ce qu’on va faire maintenant ?» . Après quelques secondes, ma mère répondit : « Nous allons trouver un autre endroit pour vivre, car je ne peux pas payer le loyer avec mon salaire. Ensuite, je suppose que la vie va continuer... Tu sais, peu avant la mort de ton père, j’ai rencontré quelqu’un qui pourrait peut-être nous héberger... » . L’inquiétude me saisit alors : et si, ma mère avait rencontré Marc avant la mort de mon père ? Et si, ma mère n’était pas avec lui par nécessité mais par amour ? Et si, j’avais gaspillé mon troisième essai et que la vie n’allait pas changer ? Je posai, alors, une simple question, je demandai à ma mère comment se nommait cet homme. Sa réponse fut courte mais suffit à me détruire : « Marc. » Non ! C’était impossible ! Un mélange de colère, de déception et d’an- goisse me submergea. Je me mis alors à paniquer sous le regard inquiet de ma mère. Je me réveillai, couverte de sueur. J’allumai la lumière puis je regardai ma montre : on était le jeudi et il était quatre heures du matin. Je me rappe- lai avoir fait un cauchemar dans lequel je remontai le temps. Je remar-

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