MAUX contre MOTS
115 Je me réveillai un samedi matin, avec une sensation étrange, une impres- sion de déjà-vu, sûrement causée par un rêve dont le contenu m’échap- pait. D’habitude, cela ne posait aucun problème, mais là, c’était comme s’il était vital que je m’en souvienne. Pourtant je n’y arrivais pas. La voix de ma mère me ramena à la réalité : « Camille, prends ton sac et descends à la cuisine, on va bientôt y aller. » J’observai, une dernière fois, cette chambre dans laquelle j’avais dormi un peu plus de treize années. J’exécutai, contre mon gré, les ordres de ma mère. « Tu es prête ma chérie ? Ça y est, on déménage enfin ! Ton père attend déjà dans la voiture mais ne te presse pas. Prends le temps qu’il te faut pour manger et pour voir une dernière fois la maison, je suis sûre qu’elle va te manquer. » me disait-elle. Elle avait raison. Cette maison, au 16, Rue Thiers à Bayonne, allait me manquer. Mes parents l’avaient vendue il y a quelques mois et avaient acheté une autre, en Alsace, près de Strasbourg. Plus grande, elle permettrait à mes parents d’ouvrir leur boulangerie, dans une pièce de la maison qui donne accès à la rue. C’était un de leurs plus grands rêves. Après avoir mangé deux tartines de confiture, comme tous les matins, je m’installais dans la voiture où papa était assis à la place du conducteur. Et quelques minutes plus tard, maman nous rejoignit. Finalement nous prîmes l’autoroute : direction l’Alsace. Maman n’arrivait pas à cacher son excitation. Moi, j’éprouvais de la nostalgie. Nous étions en train de quitter ma maison, celle où j’avais toujours vécu. La maison d’Alsace était très grande et plus accueillante que ce que je pensais. Les vacances étaient terminées et j’avais repris les cours depuis déjà plus d’un mois, au collège de Herrlisheim. L’AGENDA MAUDIT COLLÈGE DU SACRÉ-COEUR
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