MAUX contre MOTS

75 J’étais dans l’avion pour aller à Hawaii. Ma sœur s’était endormie depuis le décollage. Il restait une heure avant d’arriver à destination, je regardais un film ; quand, soudain, on entendit un cri, dans l’avion. Les hôtesses chuchotaient en courant, quelqu’un était mort. On l’avait tué, avec un couteau dans la gorge. « Il fallait que je reste calme » , en me répétant ces mots, un type louche s’approcha de moi et, en me regardant, me dit : « Tu devrais te méfier des inconnus, la preuve, quelqu’un est mort ». Heureusement, on atterrissait. Quand on arriva à l’aéroport, un homme musclé et brun nous accueillit : « Alors ? Le voyage s’est bien passé ? Vous n’avez pas eu trop de problèmes ? » Je hochai la tête, je ne voulais pas raconter ce qui s’était passé. On prit le camion pour Honolulu. Arrivés au camp de vacances, je le vis. On était fait l’un pour l’autre. Mais, alors que je posais mes bagages, un énorme tremblement de terre arriva. Je me mis à l’abri quand j’entendis un gémissement. Une petite fille saignait de la tête aux pieds. Je m’approchai d’elle, quand elle ouvrit les yeux, je sursautai. Ses yeux étaient rouges et quand elle ouvrit la bouche, elle me dit d’une voix grave : « La fin du monde approche et je ne suis la première ni la dernière victime » et, d’une voix normale : « Surtout dis à mon frère que je l’aime. » Ce furent ses derniers mots, avant que sa tête retombe, en arrière, sans vie. Au même moment, on entendit un long gémissement triste et déses- péré. C’était le garçon que j’avais vu avant ce désastre. Je partis vers lui en lui demandant ce qui n’allait pas. « C’est ma sœur, c’est elle qui vient de mourir ! » Et il éclata en sanglots, dans mes bras. Je fus d’abord choquée, je le connaissais à peine et, pourtant, j’avais l’impression de le connaître depuis une éternité. Quand le tremblement s’arrêta, Monsieur Ha arriva vers nous, en cou- rant, il avait le cou en sang et boitait : « Que le premier jour et déjà autant de victimes… Aucun doute : ils reviennent ! » Je ne comprenais rien à tout SURVIVRE OU MOURIR COLLÈGE DE TARAVAO