jeune homme. Approchant du but de leur visite, elles entendirent un bruit sourd dans l’eau qui les effraya. Elles virent alors une étrange créature ramper vers elles. Cet être avait une tête humaine et une queue d’anguille. Page 11 Elles furent saisies de peur en l’apercevant, tandis que l’enfant-anguille était heureux de les voir. - N’ayez crainte, je ne vous ferai pas de mal, leur dit-il. Alors, elles nagèrent à ses côtés. Ils firent connaissance. Tei-poi-te-marama et Tei-poi-te-here le caressaient et l’aimaient. L’enfant-anguille avait le coeur rempli de joie et de fierté. Il leur demanda : - Comment vous appelez-vous ? D’où venez-vous ? Elles répondirent : - Nous nous appelons Tei-poi-te-marama et Tei-poi-te-here. Nous sommes des Parata de l’île de GANAIA. L’enfant-anguille comprit alors que les deux jeunes filles étaient des guerrières. À leur tour, elles lui demandèrent son nom. Il répondit : - Je m’appelle Tuna. Elles l’embrassèrent tendrement et l’amour s’épanouit entre eux. L’heure du retour arriva. - Nous reviendrons te voir, lui dirent-elles Tuna ne voulait pas qu’ils se séparent. Alors elles promirent de revenir. De retour à leur pirogue à voile, elles racontèrent à Mapu leur étonnante rencontre avec Tuna, l’enfant-anguille. Tenant promesse, elles retournèrent le lendemain dans la vallée. Tuna les attendait impatiemment. Elles le caressèrent et l’embrassèrent avec tendresse car leur affection devenait de plus en plus forte. Tuna les supplia alors : - Le jour où vous retournerez dans votre île, emmenez-moi avec vous ; ne me laissez pas ici tout seul. Page 13 Elles écoutèrent attentivement les propos de Tuna et le chérirent jusqu’à ce qu’il ait sombré dans le sommeil. Elles décidèrent alors de l’emmener avec elles dans leur île. Tei-poi-te-marama alla casser un morceau de bambou, qui lui servit de couteau, et des feuilles de ’ape en guise de couverture. Les jeunes filles coupèrent la tête de Tuna et l’enveloppèrent avec soin dans les feuilles fraîches. Se préparant à partir, elles emportèrent le précieux paquet. Soudain, elles entendirent une voix : - Vous retournez dans votre île. Vous m’emmenez avec vous. Ne me faites pas de mal ! Je vous aime énormément. Et pour vous prouver la sincérité de mon amour, je prédis que vous m’embrasserez tout le temps de votre vie, de génération en génération. Les deux filles furent étonnées de ces paroles car elles pensaient que Tuna, l’enfant-anguille, était mort. Elles saisirent alors le paquet et retournèrent précipitamment à leur embarcation. Arrivées à la pirogue, elles arrangèrent soigneusement une place pour Tuna et dirent à Mapu : - Nous repartons aujourd’hui même ! Mapu organisa leur départ et mit le cap sur GANAIA. Tandis que TAHITI disparaissait à l’horizon, les jeunes filles racontèrent à Mapu ce qu’elles venaient de faire. - Pourquoi avez-vous fait cela ? demanda Mapu, très surpris. - Par amour pour lui, et selon sa volonté, il voyage avec nous. Puis elles ajoutèrent : - Nous allons au fond de la pirogue pour dormir un peu maintenant. Page 15 La pirogue poursuivit sa route. Arrivés au large de GANAIA, les voyageurs durent affronter un très fort courant. Des énormes vagues se dressaient devant eux. C’étaient les guerriers, les protecteurs de GANAIA. La proue de la pirogue était submergée d’écume.
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