Te tuatuakaki no te hakari

Il était impossible de se frayer un chemin tant le courant était puissant. Mapu fut saisi de frayeur. Il réveilla les deux filles : - Réveillez-vous ! Nous allons périr devant cet énorme courant déferlant ! Tei-poi-te-marama et Tei-poi-te-here montèrent sur le pont et observèrent l’impétueux courant à l’avant de la pirogue. Les sept puissantes vagues guerrières se dressaient devant eux : KAIARIKI, GAHAEHAU, TEIPUPARE, PUTIARE, HUTIA, MAKAKAEHAU et GANAGANAIA. Elles dirent alors à Mapu : - Ne vous pressez pas ! Nous allons descendre à la quille pour invoquer notre Dieu et calmer la tempête. Elles descendirent dans l’eau, à la quille de la pirogue, et invoquèrent leur dieu. Voici leur prière : « Notre Dieu tout puissant, nous invoquons ta puissance. KAIARIKI a fait déferler en puissance ses vagues au large, sur le récif, empêchant l’accès à notre terre GANAIA. Notre Dieu tout puissant, nous te supplions de calmer ces vagues et de nous autoriser à fouler notre terre de GANAIA. » Page 17 Après avoir invoqué trois fois leur dieu, les jeunes filles remontèrent dans la pirogue et virent que les vagues avaient disparu. Tout était redevenu calme. Alors le voyage se poursuivit sans encombre jusqu’au récif de GANAIA, du côté de OTIKA. La population cria : - Ohé ! Ohé ! Une pirogue à voile ! Temanava, le grand-père des deux filles, entendit cet appel. Il alla voir ce bateau à voile. - À qui appartient cette embarcation ? Qui êtes-vous ? cria-t-il. Les deux jeunes filles répondirent : - C’est la pirogue de Mapu de MAUPIHAA. À la seconde demande, Temanava reconnut ses deux petites filles. - Continuez jusqu’à TEKAHORA pour amarrer ! leur cria-t-il. Et, accompagné de toute la population, il les suivit du rivage. Page 19 La pirogue accosta au large de TEKAHORA. Mapu noua son päreu puis sauta à l’eau pour amarrer l’embarcation à un rocher. Il fut alors mordu par un poisson-flûte qui passait par là, lequel saisit son pagne et le déshabilla. Depuis, ce lieu de TEKAHORA fut nommé KAKAVERE, du nom de ce poisson. Les jeunes filles prirent le précieux paquet où la tête de Tuna avait été soigneusement enveloppée et descendirent de la pirogue. Une fois à terre, toute la population se rassembla autour d’elles pour écouter le récit de leur voyage, depuis leur dérive et leur disparition. Elles racontèrent leur extraordinaire rencontre, ce qu’elles avaient entrepris afin de revenir avec la tête de Tuna et le message qu’il leur avait confié. Ensemble, ils décidèrent de mettre en terre la tête de Tuna à AKIAKI, lieu appelé aussi TEKAHORA. Page 21 Un jour, ce qui avait été planté se mit à croître, puis à produire des fruits. Tei-poi-te marama et Tei-poi-te-here décortiquèrent l’un des fruits et en burent l’eau. Ce faisant, elles découvrirent des signes sur le fruit : une tête… des yeux… un nez… et une bouche. Elles se rappelèrent alors les paroles de Tuna : « Pour vous prouver mon amour sincère, vous m’embrasserez tout le temps de votre vie, de génération en génération. » Le cœur empli de joie, elles cassèrent la noix pour goûter l’intérieur du fruit. C’était délicieux. Elles nommèrent cet arbre « hakari » (le cocotier) et son fruit « gora ». Toute la population planta le cocotier dans les sept villages de GANAIA : à TUKUHORA, TEMARIE,

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