Direction de l’Enseignement Primaire –Cellule LCP- Enseignants ‘Orero : Rufina Tetumu et Abel Teahua - 14 - B ) Rôle et place du maître dans le ’ōrero. Le ’ōrero n’est pas un exercice aisé dans la mesure où c’est un acte inhabituel et de surcroît face à un public. Les élèves ont honte de parler ou ont peur de parler car ils appréhendent les remarques ou les moqueries des camarades d’où le rôle primordial du maître qui devrait consister à instaurer un climat de confiance et de respect. Il se doit de féliciter, de valoriser, de rassurer ses élèves. Mettre en place une pratique régulière du ’ōrero et une confrontation à divers publics, ne serait-ce qu’au sein de son école, favorise l’émancipation des élèves. De plus, la multiplication des activités de poésie, de dramatisation (saynètes, pièces théâtrales), largement développées en français par ailleurs, doit concourrir à apporter aisance et confiance en soi. Il serait souhaitable, lors de la séance de déclamation, et dans la mesure des possibilités de l’école, de l’exécuter dans une salle autre que la classe (salle d’évolution, salle de reo tahiti ou à l’extérieur), loin du « cadre scolaire ». Allier le « parler juste » au geste et à l’occupation de l’espace, est un signe de maîtrise du ’ōrero, mais cela reste insuffisant. En effet, pour captiver, pour charmer l’auditoire, le ti’a ’ōrero doit partager sa sensibilité, ses émotions. Dès lors, il devient l’instrument de la tradition orale. C ) Quelques conseils pratiques - Identifier et rencontrer les personnes-ressources détenteurs de savoirs ancestraux (associations culturelles, matahiapo, parents…) de la commune où se situe l’école. Leur demander le paripari fenua ainsi que les explications voire même les impliquer dans la démarche est une manière de leur montrer du respect et de l’humilité. - Consulter au moins deux ouvrages de référence « Tahiti aux temps anciens » de Teuira Henry et « Langue et société » de Vonnick Bodin ; pour aider les maîtres dans leurs recherches. - Constituer un dossier-école dans lequel seront répertoriés tous les textes relatifs à la commune (paripari fenua, fa’ateni, fa’atara, ’a’ai, pehepehe, hīmene…). - Déclamer de toute son âme en introduction de la première séance. Le maître aura au préalable mémorisé son paripari fenua, soigné sa prosodie, sa gestuelle et ses déplacements. « Le maître est le modèle de ses élèves ». - Afficher le paripari fenua au tableau après avoir vérifié la graphie utilisée. - Afficher en complément la carte de la commune pour faciliter d’abord la compréhension du paripari fenua et la localisation des éléments du relief (les limites de la commune, la montagne, le terrain de réunion…) puis la mémorisation. Cette carte répertoriera les anciens toponymes de la commune mais aussi les toponymes en usage aujourd’hui. - Pour la préparation à la déclamation : o S’assurer que les élèves ont mémorisé leur discours : le support- texte doit être absent lors de la déclamation. o Convenir avec la direction du choix d’un local, au sein de l’école à aménager, réservé en priorité au reo mā’ohi. Les séances de déclamation pourront s’y dérouler. Si, par manque de locaux cela ne pouvait se réaliser, utiliser la salle d’évolution ou d’expression corporelle. On peut également utiliser le préau ou tout simplement la cour de récréation. Ceci, dans le seul but de favoriser une certaine liberté de l’esprit c’est-à-dire faire abstraction du cadre classe, de son atmosphère. o Scinder la classe en deux groupes (10 à 15 au maximum) en fonction de l’effectif. Il est préférable de travailler avec un nombre réduit d’élèves pour être efficace. On privilégiera ce fonctionnement lors de la séance de déclamation : un groupe travaillera en toute autonomie (des activités d’écriture) pendant que l’autre sera animé par le maître. o Démarrer la séance de déclamation par un exercice « d’échauffement ». Il consiste à faire vivre aux élèves des situations ou des activités ayant du sens à leurs yeux, suscitant leur participation active : ils en sont les acteurs Ces moments favorisent les interactions et l’entraide dans le groupe et développent l’écoute mutuelle. Ils font appel aux acquis des élèves, c’est le cas par exemple des activités ritualisées. o Proposer ou demander aux élèves de trouver les gestes et les mouvements nécessaires sans excès. « Il y a un juste milieu à trouver entre la mise en scène et la parole ». C’est un moment privilégié pour développer l’imagination des élèves. o Exécuter des gestes amples plus ou moins vifs. o Ne pas hésiter à mettre une intonation forte pour insister sur certains mots ou expressions, ou à murmurer les mots quand le contexte s’y prête.
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