Direction de l’Enseignement Primaire –Cellule LCP- Enseignants ‘Orero : Rufina Tetumu et Abel Teahua - 6 - Démocratiser cet art permettra t-il de redynamiser le ’ōrero ? Nous proposons modestement au travers de ce document, une réflexion et des pistes de travail menées sur le ’ōrero dans le cadre de l’enseignement des langues et de la culture polynésiennes à l’école. Nous aborderons, d’une part, les genres littéraires, et d’autre part, les liens avec les programmes. Ceci, dans le seul but de promouvoir le ’ōrero dans les écoles. Ce travail, sous l’impulsion et l’égide de la Direction de l'Enseignement Primaire, a fait suite à une formation avec des intervenants reconnus de l’île6 pour leurs compétences en la matière et leurs convictions quant à la mise en oeuvre de ce dispositif qui mérite véritablement une attention particulière. A ) Définitions du’ōrero. De nos jours, le ’ōrero désigne deux réalités : l’orateur et le discours. L’orateur (Ti’a ’ōrero) Issu d’une famille (la lignée) de ’ōrero ou d’une famille royale dans l’ancienne société polynésienne, il était le messager de la famille, de la population, du chef, ou des dieux. Enfant, il suivait l’enseignement des « tahu’a » (des spécialistes) reconnus pour leur maîtrise de la culture et leurs connaissances du patrimoine polynésien. Le ari’i (chef) seul choisissait son ’ōrero. Il devenait alors son messager, celui qui récitait des discours à l’occasion de cérémonies sur le « marae », celui qui assurait le lien entre le peuple et les dieux. Aujourd’hui, le ti’a ’ōrero est un artiste ou un expert en art oratoire. L’art oratoire ou la rhétorique « Art de bien parler. C’est la technique de la mise en œuvre des moyens d’expression. Elle exige d’articuler parfaitement, de prononcer clairement et de dire juste ».7 Synonymes : Déclamation, emphase. C’est la capacité d’un individu à discourir dans le but de transmettre sa sagesse, sa compétence, l’histoire, l’identité du lieu auquel il appartient. Le ti’a ’ōrero maniait les mots de manière à séduire, attirer, charmer, captiver, et séduire la foule.8 Il utilise la rhétorique sous toutes ses facettes : réciter, chanter, varier l’intonation ainsi que le rythme ou la vitesse d’exécution. Dresser le portrait du ti’a ’ōrero, en ne se limitant qu’à ses aptitudes langagières serait réducteur. Le ti’a ’ōrero, dans la construction de sa personnalité a une certaine prestance, une maîtrise de son corps. Il fait appel à d’autres « techniques » telles que : La gestuelle (’apa), le mime et la danse. L’orateur doit s’entraîner de manière à pouvoir vaincre sa peur et sa honte face à un public. L’utilisation d’accessoires doit être un moyen par lequel l’orateur gagne en assurance et en maîtrise de soi. Les accessoires peuvent être une feuille de ’auti, un rau mei’a ou feuille de bananier verte, un ’ōmore ou lance-massue, un pātia ou un tao c’est-à-dire une lance, tout cela en fonction du thème ou du sujet du ’ōrero.9 Cet art nécessite donc une parfaite connaissance de sa langue et de ses origines. Il est aussi un facteur de sociabilité (aptitude à vivre en société) et d’ouverture d’esprit. Dans la logique des ti’a ’ōrero, les ancêtres sont toujours vivants, ils leur insufflent une force et une assurance. 10 B ) Origines du terme ’ōrero : Etymologie 6 Valérie Gobrait (professeur de reo mā’ohi au lycée de Taaone), Flora Devatine (Académicienne), Jean-Claude Teriierooiterai (membre de l’association Haururu). 7 Petit Robert 8 D’après Jean-Claude TERIIEROOITERAI 9 D’après Valérie Gobrait 10 D’après Flora Devatine
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