Programme de l’école maternelle en Polynésie française 18 © Ministère de l’éducation et de l’enseignement supérieur, de la jeunesse et des sports > www.education.pf Autour de quatre ans, les enfants découvrent que les personnes, dont eux ‐ mêmes, pensent et ressentent, et chacun différemment de l’autre. Ils commencent donc à agir volontairement sur autrui par le langage et à se représenter l’effet qu’une parole peut provoquer : ils peuvent alors comprendre qu’il faut expliquer et réexpliquer pour qu’un interlocuteur comprenne dans la langue appropriée, et l’école doit les guider dans cette découverte. Ils commencent à poser de vraies questions, à saisir les plaisanteries et à en faire. Leurs progrès s’accompagnent d’un accroissement du vocabulaire et d’une organisation de plus en plus complexe des phrases. En fin d’école maternelle, l’enseignant peut donc avoir avec les enfants des conversations proches de celles qu’il a avec les adultes. Tout au long de l’école maternelle, l’enseignant crée les conditions bienveillantes et sécurisantes pour que tous les enfants (même ceux qui ne s’expriment pas ou peu) prennent la parole, participent à des situations langagières plus complexes que celles de la vie ordinaire dans des activités communicationnelles intégrées aux différents domaines des activités de l’école maternelle ; il accueille les erreurs « positives » qui traduisent une réorganisation mentale du langage en les valorisant et en proposant une reformulation. Ainsi, il contribue à construire l’équité entre enfants en réduisant les écarts langagiers. C’est bien la pratique effective des langues qui est visée, afin de doter chaque élève de la communauté à communiquer. 4.1.1.2 Comprendre et apprendre Les discours que tient l’enseignant sont des moyens de comprendre et d’apprendre pour les enfants. En compréhension, ceux-ci « prennent » ce qui est à leur portée dans ce qu’ils entendent, d’abord dans des scènes renvoyant à des expériences personnelles précises, souvent chargées d’affectivité. Ils sont incités à s’intéresser progressivement à ce qu’ils ignoraient, grâce à l’apport de nouvelles notions, de nouveaux objets culturels et même de nouvelles manières d’apprendre. Les moments de réception où les enfants travaillent mentalement sans parler sont des activités langagières à part entière que l’enseignant doit rechercher et encourager, parce qu’elles permettent de construire des outils cognitifs : reconnaître, rapprocher, catégoriser, contraster, se construire des images mentales à partir d’histoires fictives, relier des événements entendus et/ou vus dans des narrations ou des explications, dans des moments d’apprentissages structurés, traiter des mots renvoyant à l’espace, au temps, etc. Ces activités invisibles aux yeux de tout observateur sont cruciales. 4.1.1.3 Échanger et réfléchir avec les autres Les moments de langage à plusieurs sont nombreux à l’école maternelle : résolution de problèmes, prises de décisions collectives, compréhension d’histoires entendues, etc. Il y a alors argumentation, explication, questions, intérêt pour ce que les autres croient, pensent et savent. L’enseignant commente alors l’activité qui se déroule pour en faire ressortir l’importance et la finalité. L’école demande régulièrement aux élèves d’évoquer, c’est ‐ à ‐ dire de parler de ce qui n’est pas présent (récits d’expériences passées, projets de classe…). Ces situations d’évocation entraînent les élèves à mobiliser le langage pour se faire comprendre sans autre appui, elles leur offrent un moyen de s’entraîner à s’exprimer de manière de plus en plus explicite. Cette habileté langagière relève d’un développement continu qui commence tôt et qui ne sera constitué que vers huit ans. Le rôle de l’enseignant est d’induire du recul et de la réflexion sur les propos tenus par les uns et les autres.
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