105 Le mélange franco-tahitien harmonise d’audacieuses alliances que la licence poétique permet d’inscrire dans un cosmopolitisme linguistique, bienveillant, tolérant, loin de toute contingence malencontreuse, loin de toute conjoncture pernicieuse. Les heurts syntaxiques ou morphologiques peuvent paraître choquants, mais ils permettent un mirage d’alliances infinies, source de renouveau. Pour ma part, la poésie peut permettre la pratique du franco- tahitien, de cette langue qui existe depuis longtemps et qui n’a jamais choqué. Si cela devait scandaliser, déranger ou même effrayer, c’est que l’on n’ aura pas compris que la langue d’un poète se doit de “trouver du nouveau”, de faire éclore les fleurs d’une langue intérieure, comme ont si bien su le faire Senghor et Michaux. L’union de deux langues nécessite, donc, de part et d’autre, la tolérance de glorieux sacrifices.
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