Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

En s’ouvrant et en évoluant suivant le contexte interculturel de la so- ciété polynésienne, l’Association Philanthropique Chinoise est devenue un lieu de rencontres et d’échanges où se créent de multiples sociabilités. Les relations sociales ne sont plus limitées aux seuls membres de l’association et au groupe chinois. Ce passage d’une logique de fermeture ethnique à une logique d’ouverture permet la rencontre des « Autres », et notamment des non-Chinois, au sein de cette association. L’ouverture de cette dernière est concomitante à celle de la communauté chinoise de Tahiti. Il est à noter qu’elle favorise une certaine extériorisation des relations sociales. De plus, ces rencontres et ces échanges participent à la définition d’un « Nous » et d’un « Soi » par rapport à d’« Autres ». Ces derniers constituent d’ailleurs un ensemble plus large : du Chinois au non-Chinois. Ainsi, le nouveau cadre qu’offre l’Association Philanthropique Chinoise permet l’élaboration de nouvelles références identitaires dans un contexte qui a lui-même évolué et qui évolue constamment. Ces références identitaires sont principalement chinoises et se construisent en partie au contact des Chinois de Chine continentale. Les liens privilégiés que possède l’Association Philanthropique Chinoise avec la Chine permettent l’affirmation d’une identité culturelle commune dépassant les nationalismes et les frontières étatiques. Ainsi, ils construisent une identité chinoise supranationale et extraterritoriale. Cette dernière est ressentie par les membres de cette association, mais également par les Chinois de Chine de passage. À travers, l’« Autre » Chinois de Chine, les membres de l’Association Philanthropique Chinoise de Tahiti construisent leur sinité. Cette dernière s’élabore en partie grâce aux contacts avec la Chine. L’apprentissage des langues chinoises et les voyages culturels qu’organise cette association participent également à la formation de références identitaires chinoises. Par conséquent, l’Association Philanthropique Chinoise de Tahiti développe une dynamique identitaire et un sentiment d’appartenance chinois. En créant un sentiment d’appartenance, ces références identitaires et culturelles permettent aux membres de cette association de se sentir et d’être des « Chinois ». Ces derniers peuvent ainsi affirmer une identité chinoise « complète » au sein de la société interculturelle polynésienne, où les problé- matiques identitaires sont présentes. Ils peuvent également vivre et exprimer leur sinité, ainsi que leur culture chinoise. L’Association Philanthropique Chinoise peut alors être assimilée à un « outil », permettant notamment la recomposition identitaire de ses membres. Cette dernière s’effectue autour de leur sinité. Il en résulte donc une construction identitaire. En l’occurrence, il 151

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