Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

s’agit de la construction du noyau identitaire. Cette élaboration a pour consé- quence la prépondérance de l’élément chinois et le renforcement d’une identité chinoise. L’Association Philanthropique Chinoise produit ainsi de la sinité. Ses membres peuvent donc modeler leur identité à partir des références identitaires acquises au sein de cette association. Par ailleurs, cette dernière est le sujet de représentations diverses. Certaines d’entre elles sont notamment formées par l’environnement qui entoure cette association. Elles favorisent ainsi l’ethnicisa- tion de l’Association Philanthropique Chinoise. En conséquence, elles contribuent à faire de cette association : un lieu ethnicisé, réservé et vécu uniquement par des individus d’origine chinoise. Dans son ensemble, l’étude de l’Association Philanthropique Chinoise nous permet d’élaborer un modèle d’association en tant que lieu d’expression et/ou de création identitaire. Il en résulte qu’une structure de ce type dépasse les objec- tifs fixés par ses statuts. Cette dernière développe ainsi une dynamique identitaire. Par conséquent, l’Association Philanthropique Chinoise n’est pas uniquement un « outil » ou une association culturelle, c’est également un moyen d’expression et de construction de l’identité individuelle et collective. Si le sentiment d’appartenance lié à une association et l’identité qui en découle permettent la réalisation de finalités communes, cette identité d’association peut aussi revêtir d’autres formes, comme l’identité ethnique et culturelle. En conséquence, une association peut être un carrefour où se croisent, s’expriment et se construisent des identités multiples, variées et imbriquées entre elles. Cette expression et cette construction identitaire dépendent principalement de trois éléments : les acteurs sociaux qui fréquentent ou rentrent en interaction avec une association, cette dernière proprement dite, et le contexte dans lequel elle évolue. Une association peut ainsi se structurer à partir de ces trois facteurs. Cela se traduit en partie par le fait qu’une association est à la fois : un lieu de mémoire, un lieu de sociabilité et un lieu de représentations. En tant que lieu de mémoire, une association peut refléter une histoire et un passé. Elle se construit en partie sur les héritages successifs et sur les actions de ses membres. Ainsi, une association dégage une mémoire issue des contacts entre les souvenirs de ses adhérents. Cette mémoire associative contribue à la création d’une identité et d’une culture propre à chaque association. Elle est une source de différenciation et d’identification. Par ailleurs, cette mémoire peut permettre d’inscrire une association dans la durée. Elle fonde également une certaine légitimité et peut être assimilée à un patrimoine pour les membres qui lui sont le plus anciennement liés. Mais dans l’ensemble, elle donne la 152