Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire
nous indique également que l’identité des Chinois de Polynésie française a évolué. De nos jours, ces derniers se qualifient fréquemment de Chinois, et/ou de Polynésiens, et/ou de Français. Il en résulte qu’il est nécessaire d’envisager leur identité comme multiple et dynamique. Cette dernière est issue de réfé- rences identitaires variées et puisées dans l’ensemble de la société polyné- sienne. Ainsi, il faut relativiser l’identité des Chinois de Polynésie française, et notamment au niveau individuel. En effet, certains peuvent se sentir plus chinois que d’autres, ou plus polynésiens, à moins qu’ils ne soient plus français. Il est donc difficile de définir cette identité « chinoise », tant elle dépend d’un contexte multidimensionnel et interculturel. En conséquence, elle ouvre de larges questions sur la place des Chinois dans la société polynésienne. Tel que nous l’avons vu, il est vraisemblable que l’identité de la majorité des Chinois de Polynésie française soit composite. Cette dernière se base sur des éléments issus de trois cultures distinctes : chinoise, polynésienne, et française ou occidentale. Il est notamment fréquent que l’on se désigne chi- nois par ses origines et son physique, polynésien par son lieu de naissance et de vie, français par sa nationalité et son éducation. Ce fait est surtout avéré par les individus de la troisième génération chinoise installée en Polynésie fran- çaise. Ces derniers puisent dans ces trois cultures leurs références identitaires et culturelles. Ainsi, ces propos nous amènent à réfléchir à l’idée de mélange, et plus exactement sur celle de métissage 150 . En effet, s’il est reconnu que les Chinois de Polynésie française sont intégrés et acculturés à la société polyné- sienne : quelles en sont les conséquences sur leur culture ? Comment cette dernière a-t-elle évolué ? De quoi est-elle composée de nos jours ? Ainsi, il se pourrait qu’elle ne soit pas une culture atavique mais une « culture composite », comme le souligne l’écrivain antillais Édouard Glissant, à propos de la culture brésilienne ou de la culture guyanaise. En conséquence, une nouvelle culture « chinoise » aurait-elle été créée à partir des processus découlant du métissage ? Comment se seraient échangés, confrontés et imbriqués certains éléments des cultures : chinoise, polynésienne et française ou occidentale ? Quelle serait la place de cette culture métisse au sein de la société polynésienne ? En effet, les Chinois de Polynésie française, ainsi que les autres ethnies présentes en Polynésie française, connaissent divers phénomènes de métissage, 155 150 Ce terme vient du mot latin mixtus qui signifie « mélangé ». Il est utilisé pour la première fois dans le contexte des sociétés de grande plantation. Il désigne notamment les individus métis. On parle ainsi de : « mulâtre », « créole », « sang mêlé ». Ainsi, la notion de métissage se forme en premier sur le champ biologique (couleur de peau), et sert de support à la stigmatisation et à l’exclusion. Par la suite, elle a été étendue au champ social, puis culturel. (La- plantine, Nouss : 1997).
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