Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

et à des degrés variés. Par conséquent, il peut s’agir de métissage biologique, historique, ou encore, culturel. Toutes ces questions et ces réflexions vont servir de base à l’élaboration d’une thèse. C’est également envisagé d’une autre manière le regard et les questions que l’on porte sur les Chinois de Polynésie française. En effet, si cette population a souvent été étudiée suivant les problématiques d’intégration et d’acculturation, peu l’ont observée à partir des problématiques liées au mé- tissage. Par ailleurs, cette étude aurait notamment pour objet la définition du métissage dans le contexte insulaire polynésien. En conséquence, cette défini- tion se ferait à travers le cas des Chinois de Tahiti. Cette étude serait alors en- visagée comme un point de vue ou une porte d’entrée sur l’ensemble de la société interculturelle polynésienne. Elle pourrait ainsi fournir des éléments de réponse sur la culture et l’identité polynésienne, c’est-à-dire sur leur contenu et sur leur construction au sein d’une société pluriethnique. Ainsi, cette dernière renvoie à une pluralité des courants culturels et à une pluralité des origines. Il est probable que ce pluralisme implique que les individus de cette société possèdent un répertoire de références culturelles. Ces dernières seraient variées et multiples. Par ailleurs, les individus puiseraient dans ce répertoire les éléments dont ils ont besoin en fonction de divers facteurs, comme leurs choix personnels ou le contexte dans lequel ces références sont utilisées. Ainsi, parmi eux, les Chinois de Polynésie française seraient non seulement confrontés à un phénomène de métissage, mais également à un phénomène de créolisation 151 . C’est notamment ce que confirment certains témoignages que nous avons exposés dans notre recherche sur l’A.P.C. de Tahiti, et particulièrement au sujet des aspects identitaires de ses membres. La « culture composite » des Chinois de Polynésie française ne serait-elle alors qu’un élément d’un ensemble culturel composite plus large, que constituerait la culture polynésienne ? Cette perspective nous oblige à penser à un enche- vêtrement et à un emboîtement des cultures. Par ailleurs, c’est également étudier les processus et les interactions qui les lient entre elles. Ainsi, étudier la culture des Chinois de Tahiti peut aboutir à définir son importance et son rôle au sein de la culture polynésienne. Cette dernière se reflèterait alors dans la première. 156 151 Hors de son cadre habituel, ce terme désigne une dynamique culturelle propre aux sociétés plurielles contem- poraines et basée sur une pluralité des références, ainsi que des appartenances. Les individus circuleraient entre les cultures et les modes de vie. « L’accent est ainsi mis sur les notions de réseau, de fluidité, de mobilité, de di- versité, ainsi que sur la possibilité qu’ont les individus de déployer des jeux complexes (de transformations, d’équi- valences…), face à la diversité qui leur est proposée. Le pluralisme étant intériorisé, les lignes de partage ne coupent pas les individus les uns des autres, mais sont autant d’alternatives offertes à chacun d’eux. » (Bonniol 2001 : 19)(Laplantine, Nouss : 1997).

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