Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

prendre en considération, notamment dans le contexte insulaire et familier de Tahiti. Par conséquent, j’ai essayé de faire des entretiens structurés avec des questions intégrées, sans prise de notes et avec l’utilisation d’un magnétophone. Ce dernier est proposé comme un symbole de professionnalisme et un gage que les informations délivrées sont uniquement employées dans le cadre de la recherche. Mais il est vrai que cette démarche formelle a également trouvé ses limites. Des informateurs y ont ainsi été réticents, notamment à cause du sérieux que dégage cette procédure. Ce qui explique que je n’aie obtenu que huit entretiens formels d’une moyenne d’une heure et demie chacun. Pour compléter ces derniers, j’ai également eu recours à des entretiens informels de durées variables, soit plus de 25 au total. Le fait de prendre part aux activités de l’association et la connaissance du terrain de recherche ont permis de recueillir des données informelles issues de discussions variées et nombreuses. Il est cependant difficile de les chiffrer avec exactitude, dans la mesure où des fiches de synthèse ont été faites à partir de ces informations. Il va de soi que la démarche informelle est plus adaptée à cette recherche. Mais il semble également que la subjectivité soulève une importante question d’éthique par rapport au sujet d’étude et par rapport aux personnes qui font l’objet de cette recherche. En conséquence, tout ne peut pas être dit ou tout ne peut pas être fait, ou du moins, de la même manière qu’un chercheur de « l’extérieur » ou que dans une recherche classique. À la différence d’un chercheur qui étudie son propre groupe, celui de l’extérieur peut rompre plus facilement les liens qu’il possède avec son terrain de recherche. Il n’est pas systématiquement sur ce dernier, et il peut être de « passage ». Si le chercheur de l’extérieur fait des promesses au groupe qu’il étudie, seule sa morale l’empêche de ne pas les tenir. Il a le privilège de pouvoir tout dire, contrairement à son homologue de l’intérieur qui peut être tenu par un certain « culte du secret ». Ainsi, les méthodes pour rassembler et obtenir des informations sur cette association prennent en compte ma subjectivité. Par ailleurs, le fait d’appartenir au groupe concerné par cette étude implique une double exigence : celui de rendre un travail scientifique et celui de ne pas « trahir » la réalité de son groupe. Ce qui serait légitimement mal perçu par ses semblables. Ainsi, l’erreur nous semble inenvisageable et prouverait automatiquement un manque de discernement par rapport à son propre groupe. Comme nous l’avons évoqué précédemment, la subjectivité ne nous permet pas d’avoir accès à tout ou à tout le monde. Les démarches d’enquête 16

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