Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

thèmes de campagne de Jimmy Carter, Jesse Jackson, Michael Dukakis ou Bill Clinton ont séduit nombre d’entre eux. À Los Angeles comme à San Francisco, ils n’ont pas fait mystère de leurs préférences en invitant un Dukakis ou un Jackson dans les Chinatown respectifs pour organiser des levées de fonds. Quelques-uns d’entre eux ont même joué un rôle de premier plan auprès de ces candidats en animant un réseau de soutien national (Thomas Hsieh, très actif et connu dans la ville de San Francisco 28 , crée en 1988 un groupement appelé Asian Pacific Caucus pour rallier les minorités asiatiques à la cause des Démocrates), ou en dirigeant la campagne californienne et nationale de leur candidat (Eddie Wong travailla ainsi étroitement avec Jesse Jackson, l’inventeur de la formule Rainbow Coalition ). Néanmoins, l’appartenance ethno-raciale n’est pas un surdéterminant infaillible : ni les Sino-Américains, ni les immigrants chinois arrivés plus récemment, votent inconditionnellement pour le parti Démocrate. Certains thèmes associés aux Républicains (tels l’hostilité au système communiste, l’encouragement à l’esprit d’initiative et d’entreprise ou encore la promotion d’un environnement propice à la vie des affaires) trouvent une grande résonance auprès de certains. Il semble donc plutôt, au vu des analyses empiriques des consultations électorales, que les Sino-Américains, à la différence desAméricains d’ascendance japonaise, peuvent voter pour l’un ou l’autre des partis, en fonction des enjeux, exactement comme on les a vus en Californie voter de façon médiane entre les autres minorités et les électeurs Blancs pour des textes d’initiative populaire comme les Propositions 187 (concernant la lutte contre l’immigration clandestine), 209 (sur la suppression de la politique de discrimination positive) et 227 (sur la suppression des programmes de bilinguisme) 29 . Il est vraisemblable qu’au fil du temps, ils épousent la même tendance qu’on note au niveau des comportements électoraux, à savoir une répartition des préférences idéologiques presque égale entre les Démocrates, les Répu- blicains et les indépendants. Si la Californie compte aujourd’hui plus d’une centaine d’élus d’origine asiatique, chinoise en particulier, dans les différents échelons des collectivités locales, et une vingtaine d’élus asiatiques occupant des mandats importants dans la gouvernance de l’État, c’est que la très modeste participation aux processus politiques signalée habituellement appartient de 180 28 Voir Richard Edward DeLeon, Left Coast City : Progressive Politics in San Francisco, 1975-1991, Lawrence : University Press of Kansas, 1992, 160-164. 29 Mark Baldassare, California in the New Millenium : The Changing Social and Political Landscape, Berkeley ; University of California Press, 2000,103-113.

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