Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

Oscar Temaru, a ainsi fait part de sa volonté de rebaptiser le territoire, Maohi Nui. L’appellation Maohi Nui avait déjà été avancée en juillet 2007 par le synode de l’Eglise Protestante Maòhi, réuni à Nuku Hiva 1 . À l’époque, Oscar Temaru penchait en faveur de Tahiti Nui, dénomination proposée à partir de 1992 par l’ancien président Gaston Flosse. Adepte d’un double nationalisme français et polynésien, Gaston Flosse avait en effet souhaité inscrire progressivement le nom Tahiti Nui à côté ou à la place de l’appellation “Polynésie française” 2 . Oscar Temaru et les indépendantistes tahitiens combattirent le nom Tahiti Nui avant de s’y rallier en 2005, une fois parvenus à la direction des affaires du pays. Stricto sensu, Tahiti Nui (Tahiti la grande) est le nom de la grande île de Tahiti, pour la différencier de sa presqu’île Tahiti Iti (Tahiti la petite). Héritage des temps anciens, Tahiti Nui est aussi un nom de groupe de danse ; également un nom lié à la navigation 3 . Dans le sens nationaliste proposé par Gaston Flosse, Tahiti Nui doit être compris comme “la grande Tahiti”, acception englobante (certains diront “colonisatrice”) susceptible d’inclure toutes les îles de la Polynésie française. En 2009, quelques semaines après la prise de position d’Oscar Temaru en faveur de Maohi Nui, un autre parti indépendantiste, Ia Mana Te Nunaa , membre de sa majorité gouvernementale, exprimait sa préférence pour Fenua maohi (Terre mä’ohi ) 4 . Concurremment ou en association avec le nom de l’île proprement dit (Tahiti), le constat peut être fait que le terme mä’ohi s’avère de plus en plus revendiqué par les nationalistes tahitiens pour désigner leur pays. Mais que signifie-t-il exactement ? Et pourquoi l’inscription des habitants de Tahiti et de leur pays dans une identité dite mä’ohi fait-elle l’objet d’un refus véhément de certains Tahitiens aujourd’hui, tandis qu’elle est si recherchée par d’autres ? Depuis l’arrivée des premiers Occidentaux, les témoignages concordent pour noter que les habitants de l’ensemble culturel tahitien se désignent comme 186 1 Voir La Dépêche de Tahiti, 31/07/2009, p. 27. 2 Voir Sémir Al Wardi (2008). Tahiti Nui ou les dérives de l’autonomie. Paris, L’Harmattan, 263 p., pp. 44-51. 3 Le navigateur Éric de Bisschop tenta en 1956 avec des coéquipiers de rallier le Chili, au départ de Tahiti sur une embarcation de bambous baptisée Tahiti Nui (entreprise presque aboutie). Il mourut deux ans plus tard à bord d’une autre embarcation du même type, le Tahiti Nui III, sur un récif des îles Cook. 4 Voir La Dépêche de Tahiti, 15/06/2009, p. 17.

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