Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire
on a fait venir du désert des Sabéens, Qui ont mis des bracelets aux mains des deux soeurs Et de superbes couronnes sur leurs têtes. Je dis alors au sujet de celle qui a vieilli dans l'adultère : Continuera-t-elle maintenant ses prostitutions, et viendra-t-on à elle ?” “E tei ia'na hoi te muhu o te feia rarahi parahi hau noa ra i te itearaa; e ua aratai-atoa-hia mai te mau taata maohi e to Seba atoa no te medebara; o tei tuu i te tapea i nia i te rima, e te korona nehenehe i nia iho i to ratou mau upoo. Ua na ô ihora vau ia'na, i tei paari i te taiata atoa, E rave anei ratou i teie nei i te peu taiata ia'na nei, ia'na nei â ?”. L’emploi de taata mä’ohi là où le texte français indique “des Sabéens” mérite quelque commentaire. Tout d’abord, qui parle, et de qui est-il question ? Ezéchiel est un prophète de l’Ancien testament ayant connu plus de vingt ans de déportation et de captivité en Chaldée après la capitulation de Jérusalem (aux environ de 599 av J.C). Dans ces versets (23-42/43) et en fait dans l’ensemble du chapitre 23 de son livre, il évoque les étrangers ayant de par le passé séduit les deux sœurs Ohola (la Samarie) et Oholiba (Jérusalem), souillées par ces unions multiples (d’où l’allusion à la prostitution). La traduction des Sabéens venus du désert, par taata maohi ne manque pas d’étonner. D’autres versions de la Bible indiquent toutefois : - Darby : “on fit venir du désert des buveurs*” (Note* “Quelques-uns lisent : des gens de Saba”). - Bible de Neuchâtel annotée : “ont été conviés les buveurs du désert”. - King James : “and with the men of the common sort were brought Sabeans from the wilderness” [que nous proposons de traduire : ‘’et avec les gens du petit peuple, on fit venir des Sabéens des contrées sauvages’’]. On le voit, les traductions du texte hébreu initial sont multiples, mettant tantôt en scène des buveurs, tantôt des gens venus de loin et/ou de basse condition, en tout cas, des hommes aux manières peu distinguées, vulgaires… ce que les traducteurs de la Bible en tahitien ont choisi de rendre par taata maohi , pour des raisons sur lesquelles nous ne manquerons pas de revenir. Notons d’abord que peu après la prise de position publique des membres de Hiti Roa, des voix se sont élevées à Tahiti pour défendre l’appellation mä’ohi . Un dénommé Teamo Rua, président de l’association culturelle Maohinesia, lance immédiatement un appel “à toutes les associations culturelles du Pays pour réagir aux propos de consonances racistes [de Hiti Roa] et des représen- tations perverses, pour un recours en justice, afin que dignité et honneur 192
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