Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

ainsi largement excessive : 62% de la population couvrent plus de 120% de leurs besoins énergétiques, et 39% plus de 150%. L’évolution n’a pas préparé les individus à l’abondance, et notamment dans le Pacifique insulaire à cause de l’irrégularité de la disponibilité alimentaire. Au contraire, les humains sont sans doute munis de dispositifs de régulation biologique qui permettent la réserve d’énergie sous forme de graisse utilisable pendant les périodes de disette ou de pénurie. Le processus de régulation biologique continue à fonctionner, y compris quand les besoins du corps sont largement couverts, en période d’abondance pléthorique « moderne », où la nourriture est plus régulièrement et facilement disponible, et les exigences de la psychologie individuelle et culturelle prenant le pas sur les exigences biologiques. Les taux de prévalence du diabète dans le Pacifique insulaire sont ainsi très importants, parmi les plus élevés au monde dans certaines îles. La Polynésie française se situe dans le groupe de tête avec un taux moyen de prévalence du diabète qui dépasse 20 %. Alimentation excessive en volume, qualitativement déséquilibrée, valorisation toujours présente des corpulences fortes, et faible activité physique : tous les facteurs sont donc réunis pour exposer la Polynésie française, et les Tahitiens en particulier, à la surcharge pondérale excessive et aux risques de diabète. Des habitudes de consommation héritées du passé, -irrégularité dans les prises quotidiennes et hebdomadaires, suralimentation régulière, importance accordée aux graisses et aux sucres…-, exposent aujourd’hui particulièrement la population polynésienne à des pratiques aux conséquences néfastes pour la santé, et plus encore quand il s’agit de ménages nombreux aux revenus faibles. Des campagnes d’information et de prévention contre l’obésité et les maladies non transmissibles sont menées depuis une dizaine d’années par les services du Ministère local de la Santé, mais la prise de conscience est lente et leurs effets peu notables, surtout au regard de la pression publicitaire des industriels de l’agroalimentaire. Face à ces campagnes, et au modèle corporel diffusé par les canaux de télévision ouverts sur l’extérieur, la perception du surpoids sévère et des risques liés à l’obésité et au diabète consécutifs aux modes d’alimentation commence à peine à apparaître parmi la population Mä’ohi . Les rations trop lipidiques, chargées en graisse, font l’objet d’une surveillance dans quelques cas, surtout de la part des malades avérés ou des plus jeunes générations. Une « vulgate médicale alimentaire » semble ainsi peu à peu se développer parmi la population tahitienne, et notamment féminine. Pour autant, il ne semble pas exister comme en métropole 215

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