Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

et de cette perte culturelle que l’on dénonce chez les Chinois de Polynésie française 4 ? L’oubli de leur histoire participerait-il à cette déchéance culturelle tant décriée par certains ? Si c’est le cas, j’aimerais contribuer à ce que l’oubli ne vienne pas complètement occulter la mémoire (déjà fragilisée) de ceux qui m’ont précédé. En écrivant ces mots, je pense à ces Chinois (dont mes aïeuls) arrivés de Chine à partir du milieu du XIX e et au début du XX e siècle, fuyant la pauvreté et travaillant d’arrache-pied pour subvenir aux besoins de leurs familles. C’est cette mémoire que je souhaiterais « faire vivre », pour que celle-ci ne devienne pas une mémoire morte. Cependant, les apparences sont parfois trompeuses et elles cachent souvent des éléments plus complexes encore. Ainsi, il s’agit peut-être aujourd’hui d’un processus de transformation culturel « naturel » au vu des conditions d’installation des Chinois de Polynésie française et de leur histoire collective. Ces constats ne seraient donc que des réminiscences d’un passé nostalgique qui n’a plus lieu d’être. Par conséquent, les Chinois de Polynésie française sont-ils toujours des immigrés chinois ou sont-ils désormais des Polynésiens « de souche 5 » ? Question légitime que se pose toute communauté immigrée à un moment de son histoire. La réponse semble être aisée si l’on se base sur l’histoire des migrations humaines. Mais depuis quelques années, certaines personnes semblent remettre en cause l’intégration des Chinois dans la société polynésienne. Constat paradoxal dans la mesure où les Chinois d’ici (le sont-ils encore ?) sont plus que jamais intégrés dans cette société océanienne pluriethnique qu’est la Polynésie française, contrairement au temps de l’époque coloniale des EFO 6 . De nos jours, il apparaît qu’ils ont implanté des racines définitives en Polynésie française, et qu’ils n’ont plus un statut d’ étranger . Et c’est ce processus de transformation, notamment identitaire, d’une communauté que je vous propose d’aborder dans cet ouvrage, à travers l’étude d’une association chinoise : « l’Association Philanthropique Chinoise »… 6 4 Notamment avec l’expression ironique et endogène de « Tinito raté » ou littéralement de « Chinois raté ». 5 Ont-ils des « racines » identitaires et culturelles en Polynésie française ? 6 Établissements français de l’Océanie.

RkJQdWJsaXNoZXIy NzgwOTcw