153 Le Tahitien : Oui, beaucoup, même trop… et après tout… Notre fréquentation a laissé trop de traces (désignant d’un signe de tête le Kaina en sa qualité de Français local) Mais finalement, de belles traces… pas de regrets… tu le trouves bien ? Il est pragmatique quand même… Le Français : Évidemment qu’il est bien ! Comment aurait-il pu en être autrement puisqu’il combine « le Parfait » (se désignant) et le Précieux (désignant le Tahitien). Le Kaina : Ils sont fiu… Je suis « fiu » de leurs tirades, c’est « ti’apa’i » (complètement) long41… L’Anglais : (en aparté) Au fait… je parie que le Tahitien ne lui a pas dit m’avoir connu avant… Mais il faudrait être aveugle pour ne pas voir ma contribution pour ce qui est de celui-là (désignant le Kaina). Il est fiu de leur tātama’ira’a et leur pitch en live, leur envie d’un best of, sans craindre d’être des losers42. Restons discrets, mais sachez que le charme, cette fierté royale qu’il a… ne peut venir que de la Couronne anglaise ! Le Français : (ayant prêté une oreille attentive l’aparté de l’Anglais) Tu as « coqueté » avec... (désignant l’Anglais) ça ? Le Tahitien : (il répond sans se soucier de la jalousie du Français) Je crois que oui, mais c’était avant toi… avant de te connaître, vers 1760… Tu vois, c’est l’histoire du passage du capitaine Wallis, ensuite du capitaine James Cook… puis les pasteurs de la London Missionary Society… Mais pourquoi donc ? Le Français : Parce qu’il coquette avec le monde entier ! Ou le monde entier coquette avec lui ! Okay? Do you understand? My diamond? Puisque tu te crois un diamant… Le Kaina : Hop, pop, pop… L’alternance de code, c’est à moi ça, cette spécialité ! Tu n’es pas ha’amā de te trahir comme ça43 ? (faussement sérieux, puis il lâche un bon rire.) He, he, he… On s’y fait vite avec le Kaina, n’est-ce pas ? L’Anglais : Oui, c’est vrai, je coquette avec les langues, mais peut-être pas vous, Majesté ? Votre « C’est la vie ! » n’est peut-être pas utilisé dans toutes les langues ? Je crois que je l’ai même entendu récemment en russe ! SCÈNE 6 : LE GAGNANT DU CONCOURS Le Maître de cérémonie : (il se place sur le devant de la scène, pour épargner au public la chamaillerie qui enfle entre les personnages) Chers Amis, (adresse au public) demain, notre concours continue avec le Hakka, l’Espagnol et le Marquisien ! Pour aujourd’hui, procédons aux votes ! Je passerai parmi vous avec une grande toque remplie de bulletins de vote colorés : le bulletin rouge est pour le Français, le bleu est pour le Tahitien, le vert est pour l’Anglais et je viens de rajouter le blanc pour le Kaina. Votez pour le candidat qui vous a le plus touché, pour le candidat qui vous a con- vaincu : - Te reo tahiti, e reo vāna’ana’a, e reo ta’i navenave, e reo ’ōrero44. - Le Français, si parfait et langue d’EXCEPTION ! 41 <trad. ((fra/tah)) ils sont fatigants / je suis lasse> 42 <trad. ((fra/tah/ang)) Ils sont fatigants, je suis fatigué de leurs querelles et leurs récits accrocheurs devant le public, pour impressionner, sans la peur du ridicule> 43 <trad. ((fra/tah)) l’alternance de code c’est ma spécialité ! Tu n’as pas la honte de te trahir comme ça ?> 44 <trad. ((fra/tah)) le reo tahiti, si éloquent, si musical, si oratoire !>
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