59 Abeille 2 : Moi, je suis obligée de rester dans ce logement modeste. Je ne peux pas me permettre de déménager. Je ne gagne pas assez. Je ne suis qu’une simple ouvrière… qui produit du miel. Guêpe 1 : Encore une raison pour laquelle il me semble impossible que notre Reine puisse faire partie de votre famille, très chères. Nous n’avons pas les mêmes valeurs… (un temps) Du miel, dites-vous ? Hum, j’ai aussi entendu parler d’un produit de beauté fabriqué à partir de des sécrétions de vos glandes. C’est le... C’est le... Oh sapristi ! Je me rappelle plus comment… Abeille 1 : C’est la « gelée royale », Madame. Notre mère la Reine se nourrissait principalement de ça. Comme elle était belle alors ! Elle avait une constitution physique exceptionnelle, grâce aux différentes substances qui composent cette gelée. On y trouve des acides gras… Abeille 2 : … Des acides essentiels… Abeille 1 : … Et aussi énormément de vitamines, notamment celles du groupe B. (soupir) Notre Reine n’était jamais fatiguée, rarement malade et avait un teint ma-gni-fi-que. Cela aurait pu lui permettre de vivre trois belles années de plus dans notre ruche. Abeille 2 : Oui, mais nous, les ouvrières, nous n’avons droit qu’à du miel, du miel, du miel. Abeille 1 : … Et aussi du pollen, et du nectar tout de même ! Guêpe 1 : (elle s’adresse Guêpe 2 en chuchotant) Hum… intéressant… il faut absolument que tu envoies nos ouvrières se procurer de cette substance blanchâtre et gélatineuse au goût à la fois sucré et acide. Nous pourrions ainsi prolonger la vie de notre Reine qui ne sera, à moins d’un miracle, que d’une malheureuse année. Oui, bon, enfin, passons. (Elle poursuit haute voix.) Mais dites-moi, à part cette prétendue « ressemblance » entre nous, avez-vous des preuves incontestables de ce que vous affirmez ? Abeille 1 : En fait, Madame, j’ai avec moi notre arbre généalogique. Guêpe 1 : Holà holà NOTRE arbre, NOTRE arbre ! Vous avez l’air bien sûre de vous ma p’tite ! Montrez-le-nous et on verra bien ce qu’il en est. Abeille 1 : Et bien regardez par vous-même (Les abeilles sortent un énorme paravent semblable un dépliant visible et lisible du public. Elles pointeront du doigt chaque information qu’elles énonceront par la suite.) Voyez : nos arrière-arrière-grands-parents portaient le même nom d’« HYMÉNOPTÈRES ». Ensuite, la famille s’est divisée par les mariages en deux branches. Vous avez ici la famille APIDÉS à laquelle nous appartenons et la famille VESPIDÉS, la vôtre, Mesdames. Guêpe 1 : Ah oui, effectivement, on constate tout de suite votre air de ressemblance avec les APIDÉS. Abeille 2 : Ah bon ! Vous trouvez ? Guêpe 1 : Évidemment. Cette longue langue que vous possédez est la caractéristique principale des APIDÉS. C’est d’une laideur ! Guêpe 2 : Beurk ! Abeille 2 : Ah... Regardez : nous avons toutes dans notre famille des solitaires et des sociales ! C’est vraiment extraordinaire, ces ressemblances, non ? Abeille 1 : Oh ! Vous avez vu ? Le Bourdon est notre cousin !! Guêpe 1 : Hum... Cela ne me surprend guère. Il a beau être plus gros, il est aussi trapu et velu que vous… voire plus. Mon dieu… il faut absolument que vous fassiez quelque chose pour retirer tous ces poils. Ce n’est vraiment pas féminin ! Guêpe 2 : Comme c’est hideux !
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